En ce quatrième dimanche de l’Avent, notre attente devient plus intense :
le Seigneur est tout proche.
À quelques jours de Noël, une invitation nous est adressée aujourd’hui :
oser la paix.

La paix que Dieu nous propose n’est pas l’absence de conflits ou de difficultés.
C’est une paix plus profonde, le résultat de bonnes relations avec Dieu, les uns avec les autres et avec la création.
Elle commence dans le cœur de chacun, lorsque nous acceptons de laisser Dieu agir en nous.

Oser la paix, c’est choisir l’écoute plutôt que le jugement,
le pardon plutôt que la rancune, la rencontre plutôt que l’indifférence.
C’est croire que Dieu peut transformer nos fragilités, nos infirmités et faire de nous des bâtisseurs de paix.

Alors que le Dieu de la Paix s’approche de nous, qu’il garde sans reproche nos cœurs pour la venue du Seigneur.
Demandons la grâce de devenir, à notre tour, des artisans de paix dans nos familles, dans notre Église et dans le monde.

Aujourd’hui laissons la paix de Dieu nous envahir, nous purifier, adoucir nos relations.

Attendons la venue du Seigneur dans la Paix

« Evenu SHALOM alerhem » c’est ainsi que commence le cantique que nous partageons avec le peuple hébreu : « nous vous apportons la paix (…) » et nous nous continuons « la paix de jésus ». La paix s’offre donc, puisque nous l’apportons, mais pas n’importe quelle paix, c’est celle de Jésus.

J’ai eu du mal à écrire sur le sujet, parce que lorsque l’on regarde le monde, hier et aujourd’hui, il n’y a rien de plus absent que la paix. Alors que faisons-nous en parlant de paix, serait-ce une litanie de bons sentiments ?

SHALOM dans la tradition juive, est un mot total, existentiel, théologique et relationnel. Total et théologique car dans le Talmud (lecture interprétée de la Torah) il est dit « le nom du saint, béni soit-il, est SHALOM ». SHALOM est donc une dénomination même de DIEU ; tellement important qu’il est interdit de dire SHALOM dans des lieux considérés comme impurs.
Dans la mesure où il ne peut y avoir de paix sans amour et justice, que DIEU est amour et justice, on peut en comprendre un peu le sens. SHALOM c’est aussi un état accompli, un état ou rien n’est brisé, un état d’unité, d’intégrité. Rappelons ici, que le péché ce n’est pas simplement un manquement plus ou moins grave ; c’est plus largement tout ce qui brise la relation avec DIEU.

En somme ce n’est pas seulement l’absence de conflit, que nous pouvons espérer bien sûr ; c’est la présence d’une totalité harmonieuse.

En Jean chapitre 14, verset 27, Jésus nous dit « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » ; ce n’est donc pas seulement un sentiment intérieur, c’est une manière d’être, de vivre.

S’agissant de l’aspect extérieur de la paix, comment ne pas rappeler l’Everest qui est devant nous, avec par exemple le discours du chef des opérations humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher, le 8 décembre dernier, qui a dénoncé l’apathie du monde quand « 250 millions de personnes ont un besoin urgent d’aide humanitaire (…) Une époque de brutalité, d’impunité et d’indifférence (…) Un monde qui a dépensé  2 700 milliards de dollars en armement et qui n’est pas capable de réunir seulement 1 % de ce montant pour aider ces millions de personnes ».

Lors de son premier voyage apostolique en Turquie et au Liban le Pape Léon XIV a, quant à lui, rappelé sa priorité : LA PAIX. Il a tenu ces mots « Je lance un appel sincère à ceux qui détiennent l’autorité politique et sociale, ici et dans tous les pays marqués par la guerre et la violence. Ecoutez le cri de vos peuples qui réclament la Paix ! »

Ce que ce message exprime c’est aussi la nécessité d’établir une relation, c’est une main tendue ; la paix commence par un acte positif, quel qu’il soit, à notre mesure. Dans les béatitudes, Matthieu chapitre 5 verset 9, Jésus nous dit « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu ». « Artisans » et non pas spectateurs ou consommateurs, cela ne viendra pas de quelqu’un d’autre, cela commence par nous, par notre capacité à comprendre l’autre avant de le juger ; à accorder un pardon difficile ; à apporter une parole apaisante…

Cet appel du Pape n’a pas été lancé devant un parterre de puissants, il a été prononcé chez nos frères Orthodoxes ; comme pour nous dire également, qu’avant de faire la leçon au monde, la paix commence chez nous Chrétiens.  

La paix dans nos communautés, nos familles et en nous-mêmes ; puisque comment apporter la paix au dehors, si nous ne la trouvons pas à l’intérieur ?

Pour ce faire, il y a plusieurs moyens à notre disposition : la prière du rosaire peut apporter cette paix intérieure. La contemplation de la création ; qui n’a jamais ressenti la paix devant un beau paysage, une balade en forêt ?… Psaume 23 « Vers les eaux du repos il me mène, il y refait mon âme ». Que ce soit dans la prière ou la contemplation, nous sommes invités à ralentir, écouter, quelque part habiter le silence.

Dernier exemple : ceux qui ont pu observer un enfant qui dort, étaient témoins de cette paix, de cet abandon, de cette présence, de ce qui est possible quand l’amour est là.  Jésus ne nous dit-il pas en Matthieu chapitre 18, verset 3 « en vérité je vous le dis, si vous ne retournez pas à l’état des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux » ? Peut-être parce que la paix commence quand nous apprenons à remettre notre cœur dans les bras du Père.

Enfin, je l’ai dit, SHALOM c’est aussi ce qui est un état dans lequel plus rien n’est brisé en nous-même, avec les autres et Dieu ; pour notre relation avec DIEU nous avons à notre disposition le sacrement de la réconciliation ou la confession. Un cadeau que vous pourriez peut-être vous faire à vous-même, avant Noël ? Ezéchiel chapitre 36 verset 25, DIEU qui s’exprime, nous rappelle que nous n’avons pas besoin de compter sur nos propres forces, c’est lui qui vient à notre rencontre : « Je rependrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés ; de toutes vos souillures et de toutes vous ordures, je vous purifierai. »

Seigneur, le psaume 4 nous parle profondément de la paix :
« Garde mon âme dans la paix près de toi, Seigneur.
Quand je crie, réponds-moi, Dieu, ma justice. »

Toi qui fais de la paix un don offert aux hommes, accorde à tous ceux qui sont présents en ce quatrième dimanche de l’Avent cette paix sans laquelle il n’y a ni justice, ni amour, ni pardon, malgré les tensions de ce monde.

À l’image de ton Église, que le Christ soit pour chacun la source et le sens de la vie, afin qu’il règne dans nos cœurs, lui, le Prince de la paix.